27 avril 2006

Introduction à la musique classique #4: les versions, opus 3.

Pour conclure cette série sur les versions, j'aimerais vous parler de deux autres méthodes qui permettent de déterminer la qualité des enregistrements en musique classique: l'écoute en magasin et, finalement, la fameuse méthode qui est, selon moi, la plus efficace.

Il est toujours plaisant de se retrouver dans la section de musique classique d'un grand disquaire parmi les vendeurs et les postes d'écoute. Même si un vendeur qualifié et le fait de pouvoir entendre sur place de la musique sont des atouts majeurs, j'aimerais ici en souligner quelques inconvénients.

Tout d'abord, l'écoute en magasin permet seulement d'écouter des extraits, et de façon rapide. Non seulement il est souvent impossible de faire une avance rapide pour parcourir l'enregistrement avec les postes d'écoute, mais côté confort, ce n'est vraiment pas l'idéal. Ensuite, il est peu probable qu'on vous laissera écouter, par exemple, 9 ou 10 versions différentes d'une même pièce, parce qu'aucun disquaire n'est obligé de déballer tous les CD qu'il a en stock pour vous les faire écouter.

En fait, je pense que l'écoute en magasin est utile surtout quand on veut s'assurer que le titre d'une pièce qu'on a dans notre tête ou sur un petit bout de papier correspond bien à la pièce qu'on a entendue.

Ces inconvénients sont à peu près les mêmes lorsqu'on magasine la musique classique sur le Web, comme sur le iTunes Music Store ou encore le site de Naxos, où il est seulement possible d'entendre des extraits.

Une petite note à propos des vendeurs: n'oubliez pas qu'un bon vendeur peut souvent donner l'impression qu'il en connaît plus que ce qu'il sait en réalité. Si je peux vous donner un conseil, à ce sujet: le mieux, c'est de discuter souvent avec les vendeurs et, quand vous aurez trouvé le plus compétent, faites toujours affaire à lui. Plus le vendeur connaîtra vos goûts, plus il sera ouvert et honnête avec vous.

Finalement, il y a, selon moi, une façon de déterminer la meilleure version d'un enregistrement classique qui est infaillible: la première impression. Je parle ici de ce moment où on entend pour la première fois une musique classique, et qu'on est littéralement accroché par cette musique. Et cela va vous arriver si vous ouvrez le moindrement l'oreille, je vous le promets! Et, idéalement, prenez en note les détails de la version de l'enregistrement qui vous a fait aimé la musique en question, parce que c'est cette version - et seulement cette version - qui va vous procurer le même plaisir à chaque écoute.

Donc, selon moi, la meilleure version d'un enregistrement de musique classique est une affaire de hasard. Cet heureux hasard se produit habituellement lorsqu'on flâne dans un magasin de musique et que le disquaire fait jouer un disque qui va vous faire tourner la tête; cela peut se produire aussi en écoutant quelques minutes de musique classique à la radio, ou encore lorsqu'on est avec un ami ou quelqu'un de la parenté à qui vous avez demandé de vous faire écouter ses disques de classique préférés.

Parce que la musique classique, comme tous les autres genres de musique, est avant tout une affaire d'émotions...

En passant, les informations essentielles pour retrouver un enregistrement de musique classique sont le nom du chef d'orchestre, le nom de l'orchestre, ainsi que le nom des interprètes, s'il s'agit d'un concerto ou d'une pièce vocale. D'ailleurs, la prochaine fois, je vais vous parler des labels de musique classique et du monde merveilleux des pochettes de disques.

À la prochaine!

14 avril 2006

Introduction à la musique classique #3: les versions, opus 2.

La dernière fois, je vous disais que le grand nombre de versions en musique classique soulève la question suivante: comment fait-on pour savoir quelle est la meilleure version pour une pièce de musique classique? Eh bien je vais vous présenter plusieurs façons de le faire, mais il y a une méthode qui est, selon moi, la plus efficace.

Premièrement, il y a beaucoup de versions qui sont considérées par les critiques et les spécialistes comme des versions ultimes. Ce sont ces versions que vous allez retrouver dans des listes du genre la discothèque classique idéale. Bien sûr, ces enregistrements sont fiables, mais j’aimerais ici émettre quelques bémols.

En premier lieu, je ne suis pas un fervent amateur de ces fameuses listes des meilleurs enregistrements de tous les temps; le problème avec les listes, c’est qu’il faut toujours les traîner sur soi et, de toute façon, quand on veut les consulter, c’est toujours la seule fois où les a oubliées chez soi…

Deuxièmement, il arrive souvent que ces versions ultimes et historiques datent de plusieurs décennies, ce qui veut dire que la qualité technique de l’enregistrement peut en déranger certains.

On peut voir ici un enregistrement historique où Rachmaninov interprète ses propres oeuvres, le tout enregistré entre 1919 et 1929. À éviter si vous n’aimez pas les vieux enregistrements qui grichent.


Ensuite, je ne sais pas pour vous, mais moi, j’ai toujours eu de la difficulté à me fier aux critiques et aux spécialistes; leurs critères d’évaluation sont souvent pointus, et n’ont rien à voir avec le simple plaisir d’écouter la musique...

Une deuxième façon de déterminer la qualité d’une version, c’est de se référer à des guides, comme le guide Penguin, qui est un des plus connus. L’avantage de tels guides (il en existe une bonne quinzaine sur le marché), c’est qu’ils comparent plusieurs versions d’une même pièce entre elles, ce qui laisse, d'après moi, plus de latitude et de choix. De plus, la plupart des disquaires ont en main ce genre de guide, au cas où vous seriez vraiment mal pris (vous pouvez toujours vous fier à un vendeur, mais je reviendrai plus tard sur ce point).

Attention cependant à la provenance des guides : par exemple, un guide fait en France présentera des disques qui seront plutôt difficiles à trouver sur le marché américain.

Donc, ces quelques méthodes afin de dénicher la version ultime d’une pièce de musique classique sont très rependues; naturellement, cela présuppose que vous connaissiez déjà la pièce que vous recherchez. Ce qui me mène directement à ce qui est, selon moi, la meilleure façon de trouver la version ultime pour toute musique classique…

Je vous en parlerai lors de ma prochaine entrée de blogue.

Ouvrez grand vos oreilles!

10 avril 2006

Introduction à la musique classique #2: les verions, Opus 1.

Eh oui, vous l'aurez deviné, je vais consacrer les prochaines entrées de mon blogue au phénomène des versions, phénomène qui est plutôt unique à la musique classique (ainsi qu'au jazz, mais ça c'est une autre histoire).

Et pour quiconque veut explorer la musique classique, je crois qu'il est essentiel de cerner les aspects et les impacts les plus importants du phénomène des versions.

Comme je disais, une seule pièce peut être enregistrée plusieurs dizaines (et même plusieurs centaines) de fois, comme c'est le cas pour La Petite Musique de Nuit de Mozart, les valses de Strauss, le Canon de Pachelbel, le Boléro de Ravel; bref, les compositions qui font partie du répertoire de base (je vais revenir sur ce sujet une autre fois) existent sous un nombre incalculable de versions. Pour le reste, je dirais que plus de la moitié des compositions de musique classique sont enregistrées au moins quatre ou cinq fois. Ce sont surtout les compositions plus obscures ou plus récentes qui sont enregistrées seulement une ou deux fois.

Mais le fait d'avoir autant de choix n'a pas que des avantages. Quand je travaillais dans les magasins de musique, je crois qu'il n'y avait rien de pire pour la plupart des clients que de vouloir acheter les Quatre Saisons de Vivaldi. Pourquoi? Tout d'abord, parce que tout magasin de musique qui se respecte doit avoir en stock au moins une bonne dizaine d'enregistrements des Quatre Saisons; ensuite, parce que ces dizaines de versions ont à peu près toutes quelque chose de particulier: celle-ci est enregistrée sur instruments d'époque, celle-là propose des parties improvisées, et j'en passe...

Ce petit montage présente une vingtaine de versions des fameuses Saisons de Vivaldi; c'est ce qui s'appelle avoir l'embarras du choix...























Vous savez, j'ai remarqué que le fait d'avoir accès à autant de versions a presque toujours amené les clients (qu'ils soient des débutants ou des connaisseurs) à poser cette même question: comment fait-on pour savoir quelle est la meilleure version, la version ultime pour chaque pièce de musique classique?

Je vous donne ma réponse la prochaine fois!

D'ici là, n'ayez pas peur d'avoir l'oreille curieuse!...

P.-S. : En passant, le terme Opus est simplement une façon de numéroter les compositions; par exemple, une Symphonie #5 Opus 17 signifie que cette symphonie est une 17e composition.