13 juin 2006

Introduction à la musique classique #10: musique classique et institution.


"J'arrive de Los Angeles où on en est rendu à donner des billets à des étudiants universitaires pour assister à un concert classique et les jeunes n'en veulent pas. On doit leur donner des notes sur leur participation à l'activité pour qu'ils y assistent. (référence)"
-Alain Lefèvre.


Si la musique classique semble devenir de moins en moins populaire avec le temps, il est facile d'en déceler les principales raisons. Si la musique classique vit une crise réelle en ce moment, je crois que c'est avant tout à cause de son institution.

Musique et bourgeoisie.
Pourquoi est-il de mise de s'habiller chic lorsque l'on va à un concert de musique classique? Ce n'est pourtant pas le cas, habituellement, au théâtre, au musée ni même à une exposition. Cela provient probablement du fait que la musique classique est (trop) souvent associée à un contexte où règnent l'austérité et l'opulence: les salles de concert sont souvent d'énormes édifices richement décorés, les musiciens sont presque toujours vêtus en habit ou en robe de soirée noirs. C'est comme si la musique classique appartenait à une classe sociale élitiste et bourgeoise.

Pourtant, rien n'est plus faux. Comme je l'ai répété souvent ici, la musique classique est avant tout de la musique, et elle appartient d'abord et avant tout à l'auditeur. Sans oublier que la plupart des grands compositeurs, comme Beehtoven ou Mozart, n'étaient pas riches. La musique classique n'est pas un produit de la bourgeoisie; comme l'affirme le pianiste québécois Alain Lefèvre, la musique classique est "en train de devenir un phénomène strictement réservé aux très fortunés pour soigner leur image" (référence).

Les pièges du concert.
La manifestation la plus directe de l'institutionnalisation de la musique classique est sans doute le concert. Si vous n'avez jamais été à un concert de musique classique qui se déroule selon les protocoles les plus stricts, j'ai pour vous quelques points importants à souligner:

  • ne vous attardez pas trop aux programmes écrits du concert; ils sont souvent rédigés dans un jargon musical que seuls les critiques peuvent comprendre, et ils ne donnent habituellement aucune réelle information utile quant aux pièces qui seront interprétées, tels que les intentions du compositeur, le contexte historique de la musique, etc.

  • ne vous attendez pas à ce que le chef d'orchestre ou un musicien prenne le temps de vous parler de la musique qui va être jouée, afin de vous faire comprendre ce qui rend la musique intéressante et unique.

  • ne vous habillez pas chic si vous n'en avez envie; après tout, le concert se déroule normalement sans éclairage dans la salle, comme au théâtre.

Bref, je ne veux pas dire que vous ne devriez jamais aller à un concert de musique classique, cela peut s'avérer une expérience vraiment exaltante. Seulement, j'ai trop souvent l'impression que le public aux concerts de musique classique est traité comme s'il fallait faire partie d'une certaine élite sociale qui sait d'avance tout ce qu'il y a à savoir pour apprécier la musique.

Le paradoxe de la musique classique.
L'idée que je voulais transmettre avec ce blogue, c'est que, selon moi, découvrir la musique est avant tout une expérience personnelle et, parfois, solitaire. J'ajouterai que pour en profiter pleinement, il faut tenter d'éviter les paradoxes qui existent entre la musique en elle-même, qui appartient à tout le monde, et son institutionnalisation, qui tente de faire de la musique classique une exclusivité réservée à une certaine élite sociale.

Comme le souligne encore Alain Lefèvre, "la musique doit être attirante pour les jeunes, (...) manifestement passionnés par la question. C'est le même principe que Harry Potter en littérature. C'est bon parce que ça amène les jeunes à lire mais en autant qu'ils restent capables de faire la différence entre ça et du Michel Tremblay ou du Victor Hugo (référence)." Plus vous allez devenir curieux, plus vous allez vous rendre compte que la musique classique n'est pas une affaire de classe sociale, mais bien une affaire de goût.

Ce billet est la conclusion de ce blogue; j'espère que j'ai réussi à piquer votre curiosité pour la musique classique, et, surtout, à vous faire comprendre que la plupart des compositeurs de classique ont écrit leurs oeuvres avant tout pour vous, pour moi, bref, pour tout le monde...

Merci!

29 mai 2006

Introduction à la musique classique #9: organisez votre musique classique avec itunes.

Alors que j'effectuais une petite recherche pour cette entrée de mon blogue, je suis tombé sur un article en anglais du site Playlistmag, qui décrit exactement ce dont je voulais vous parler: comment bien gérer votre collection de musique classique avec le logiciel iTunes. Je me suis donc permis de traduire l'essentiel de l'article en français:

Avoir une bonne classification pour votre musique est essentiel dans n'importe quelle collection de musique, mais cela peut devenir bien plus important si vous écoutez la musique classique; après tout, vous avez probablement plusieurs préludes, adagios, et premiers mouvements. Quand vous importez votre musique, vous devez vous assurer que chaque pièce obtenue soit classifiée non seulement correctement, mais de manière à trouver la musique que vous voulez quand vous la voulez.

Quand vous insérez un CD dans votre ordinateur, iTunes recherche dans la base de données de CD Gracenote pour voir si elle peut trouver l'artiste, l'album, et l'information pour chaque pièce. (Ceci se produit si vous avez l'option Se Connecter à l'Internet d'activé dans iTunes'.) Mais si vous avez importé plusieurs CD de classique avec iTunes, vous avez certainement vu que l'information est souvent erronée, inachevée, ou que les différentes données de classifications apparaissent dans les mauvaises catégories.

Le premier problème est que beaucoup de CD classiques sont importés comme faisant partie d'une compilation. Une compilation est simplement un album où l'option Faisant partie d'une compilation est activée. Cependant, le concept des compilations ne fonctionne pas bien pour la musique classique. Les compilations contiennent de la musique de plusieurs artistes, plutôt que d'un seul artiste. Mais tandis que beaucoup d'albums classiques peuvent réellement être des compilations, où les artistes peuvent varier d'une pièce à l'autre, il n'est pas toujours utile que ces albums soient classifiés en tant que compilation.

La première étape est d'éliminer la classification par compilation. Pour faire ceci, choisissez toutes les pièces d'un album (avant ou après l'importation d'un CD), puis sélectionnez dans le menu Dossier > Montrer l'Information (ou appuyer Command+I sur Mac ou Control+I sur Windows). Familiarisez-vous avec la fenêtre d'information qui apparaît alors; elle contient l'information de plusieurs pièces, et c'est ici que vous apporterez des changements pour plus d'une pièce à la fois.


















Dans l'image ci-dessus, vous pouvez voir que l'option Faisant partie d'une compilation a été désactivée; faites de même.

Changer les titres des pièces.
Trop souvent, les titres des pièces pour les CD classiques fournis par la CDDB (base de données de CD) sont incorrects. Dans certains cas, ils sont vierges, et dans d'autres cas, totalement inutiles: vous pouvez retrouver le titre Symphonie No. 5 pour toutes les pièces de cette symphonie. Dans d'autres cas, vous pouvez constater que les titres des pièces se retrouvent sous la catégorie artiste, ou sous d'autres catégories qui n'ont rien à voir. Pour changer le titre d'une seule pièce, cliquez sur la ligne de la pièce en question pour la sélectionner et appuyez sur Enter. Taper dans la colonne Titre le nouveau titre de la pièce, puis appuyer de nouveau sur Enter ou cliquez sur une autre pièce.

Vous pouvez également choisir une pièce et sélectionner dans le menu Dossier > Montrer l'Information (ou appuyer Command+I sur Mac ou Control+I sur Windows), puis cliquez l'onglet Information; de là, cliquez dans l'espace réservé au titre de la pièce, puis écrivez le nouveau titre. Cliquez ensuite sur OK pour sauvegarder le changement. Vous pouvez changer les données pour plusieurs pièces de cette manière; cependant, si vous changez le nom de l'artiste ou d'un album, il est plus facile de changer plusieurs pièces simultanément.

Choisir le bon nom d'artiste.
Puisque iTunes vous laisse seulement naviguer votre collection par genre, par artiste et par album, il peut être utile de changer la catégorie d'artiste pour la catégorie compositeur; de cette façon, vous pouvez passer en revue par exemple toute votre musique de Schubert en passant en revue son nom d'artiste. Sur un iPod vous pouvez naviguer par compositeur, mais si vous voulez organiser votre bibliothèque avec iTunes avant de tout synchroniser à votre iPod, il peut être utile de naviguer votre musique par compositeur.

Vous pouvez, d'autre part, laisser le nom de l'artiste en tant que tel: ceci vous laisse naviguer, par exemple, tous vos enregistrements de Dietrich Fischer-Dieskau d'un seul coup d'oeil. Cependant, cela peut devenir un peu confus quand le nom d'un orchestre et d'un chef d'orchestre est écrit de plusieurs façons: New York Philharmonic, dirigée par Leonard Bernstein, a pu apparaître comme suit:
  • Leonard Bernstein et New York philharmonique
  • New York Philharmonique et Leonard Bernstein
  • Leonard Bernstein, New York philharmonique [et d'autres interprètes]
  • NY philharmonique et Leonard Bernstein

À l'exception des albums contenant des interprètes additionnels, toutes ces appellations reviennent au même. Prenez le temps de normaliser ces données: choisissez la façon que vous préférez (ou créez une nouvelle façon, telle que NPY/Bernstein), et appliquez cette appellation pour tous vos enregistrements avec cet orchestre et ce chef d'orchestre.

Classifier les albums.
Une autre manière de classifier votre musique est de changer le nom d'un album pour refléter le titre d'une pièce en particulier. Disons que vous avez un CD de Charles d'Ives intitulé Concord Sonata, mais cet album contient également d'autres pièces.


















Dans l'exemple ci-dessus, nous avons sélectionné quatre pièces d'un enregistrement d'une musique de Charles Ives, et nous avons nommé l'album Concord - Aimard. Le CD contient la pièce Concord Sonata, exécutée par Pierre-Laurent Aimard, mais il contient également des chansons interprétées par Susan Graham et par Aimard. Donc, pour séparer la pièce Concord Sonata des autres pièces, nous avons classifié les quatre pièces de la sonate en fonction de la sonate, comme l'exemple ci-haut, puis nous avons classifié les autres pièces comme suit:


















L'affichage des iPods (à part l'iPod Photo) ne montre pas assez de caractères quand vous naviguez dans votre collection. Sur des iPods autres que l'iPod Photo, vous verrez seulement par exemple la Symphonie No. 3, mais pas le nom du chef d'orchestre. Donc, si vous possédez beaucoup de symphonies, et plus particulièrement si vous possédez plusieurs versions d'une même symphonie, vous devrez raccourcir leurs noms dans iTunes: Sym no 3 - Bernstein, par exemple.











Maîtriser les genres.
Une autre catégorie intéressante à examiner est celle du genre. iTunes et l'iPod ont recours à plusieurs genres prédéterminés, ce qui veut dire que votre musique classique se retrouvera sous le genre Classique. Cependant, vous pouvez ajouter vos propres genres, et iTunes et l'iPod les gèrent de façon tout aussi efficace. Est-ce que, par exemple, toute votre musique classique est du genre classique, ou est-ce qu'une partie pourrait faire partie du genre Symphonique, de Chambre, Piano, Lieder, ou encore Opéra? Aimeriez-vous passer en revue votre collection par Recital, musique Baroque, ou musique d'Orgue? C'est facile. Sélectionnez plusieurs pièces, faites apparaître la fenêtre d'information, et entrez-y votre propre genre dans l'espace réservé aux genres. Cliquez ensuite sur OK pour sauvegarder ce changement. La prochaine fois que vous voudrez assigner un de vos nouveaux genres à une pièce, vous n'aurez qu'à taper les premières lettres du genre en question ou les choisir à partir du menu; iTunes les garde en mémoire pour vous.

Ajouter des commentaires.
Le champ de commentaires est conçu pour que vous ajoutiez, bien sûr, des commentaires. Vous pouvez écrire dans cette section ce que vous voulez; vous pourriez dire, par exemple, que vous aimez la manière dont Fischer-Dieskau chante une chanson spécifique; vous pourriez mentionner les solistes pour un opéra; ou vous pourriez indiquer la date d'un enregistrement. Une autre bonne utilisation pour la section des commentaires est d'ajouter des mots-clés que vous pouvez alors employer pour créer de nouvelles listes. Il n'y a aucune limite, puisque vous pouvez ajouter tout ce que vous voulez.

Voilà. Comme vous le voyez, iTunes est vraiment idéal pour gérer une bonne collection de musique classique!

La prochaine fois, je vous entretiendrai de l'Institution de la musique classique, et des torts qu'elle provoque.

À la prochaine!

24 mai 2006

Introduction à la musique classique #8: la musique qui nous parle.

Comme c'est le cas pour la plupart des formes d'art, la musique classique essaie de provoquer des émotions pour nous transmettre ses idées. Personnellement, j'ai un faible pour des compositeurs romantiques comme Rachmaninov ou pour des compositeurs impressionnistes comme Ravel. Pourquoi? Parce que ces compositions provoquent habituellement chez moi différents états comme de la tristesse, de la joie ou encore du mystère.

Si ce que je dis vous paraît abstrait, dites-vous bien que souvent, écouter de la musique classique (sans paroles) est un peu comme écouter une musique de film; seulement, le film, il se déroule dans votre tête, et la musique en elle-même n'est pas obligée de suivre une action au quart de tour.

Naturellement, chaque composition de classique provient d'un contexte particulier, mais je vous affirme qu'il n'est absolument pas nécessaire de bien connaître le contexte d'une musique classique pour l'apprécier pleinement. Quand je parle du contexte, je pense par exemple à la 8e symphonie de Chostakovich, qui est en réalité une version musicale de la bataille de Stalingrad. Mais sans cette information, il est tout à fait possible d'apprécier cette symphonie, qui peut provoquer selon les auditeurs des réactions différentes.

De toute façon, il y a toujours des points de repère évidents qui dénotent les intentions du compositeur : il y a évidemment le genre de la musique, le titre ou encore la structure de la pièce en question. Par exemple, le ballet de Prokofiev Roméo et Juliette reprend cette histoire d'amour bien connue, avec des titres évocateurs comme L'arrivée des invités ou encore Jeune Juliette; il y a aussi la Symphonie Pastorale de Beethoven, qui est très... pastorale; je pense aussi aux fameuses compositions religieuses de Bach comme le Magnificat, qui est à la fois grandiose et gracieux (selon moi). Évidemment, les variantes, les ruptures et les contrastes dans une même pièce peuvent provoquer différentes réponses émotives, ce qui produit une expérience musicale riche et diversifiée.

Une chose est certaine, si jamais vous écoutez une pièce classique et qu'elle ne produit sur vous absolument aucune réaction (à moins qu'elle provoque du dégoût), soit vous venez de découvrir un style, un genre ou un compositeur que vous n'aimerez pas, ou vous n'êtes vraiment pas disposé à écouter de la musique. Quoi qu'il en soit, ne vous forcez jamais à écouter une musique qui ne vous provoque aucune réaction émotive. Il y a tellement de choix en musique classique, c'est à peu près impossible que chacun n'y trouve pas son compte!

16 mai 2006

Intriduction à la musique classique #7: le répertoire de base.

Selon moi, le répertoire de base de la musique classique est une notion primordiale, parce que c'est souvent par l'entremise du répertoire de base que se font les premiers contacts et les premières impressions avec le classique; cependant, le répertoire de base est une lame à deux tranchants, et ce, pour deux raisons.

1- Les pièces modèles.
En gros, le répertoire de base en musique classique est constitué de compositions qui ont marqué leur époque, qui sont devenues des chefs d'oeuvres au fil du temps, ou encore qui sont devenues populaires pour une raison particulière (voir ici). Par exemple, la 5e symphonie de Beethoven a marqué son époque à cause de sa complexité et surtout grâce à ses fameuses quatre premières notes; les valses de Strauss ont été, à leur époque, des pièces extrêmement populaires qui ont su séduire à la fois la bourgeoisie et le grand public (Strauss a été un des premiers à donner un titre à chacune de ses compositions, afin que le public puisse les reconnaître facilement); quant au fameux 2ième mouvement du Concerto pour piano #21 de Mozart, aussi connu avec le sous-titre Elvira Madigan, il est devenu très populaire seulement vers la fin des années 1960, à cause de son utilisation dans le film... Elvira Madigan. Avant la sortie du film, le Concerto pour piano #21 de Mozart était rarement enregistré ou joué en concert.

Si vous ne connaissez que 5 ou 6 titres ou noms de compositeurs en musique classique, le répertoire de base est un bon point de départ pour vous. Il existe évidemment beaucoup de compilations sur CD qui regroupent les pièces du répertoire de base les plus connues (voyez l'image ci-contre); vous pouvez également trouver ce genre de compilation sur le Net, avec iTunes par exemple (cliquez ici).

En fait, le répertoire de base de la musique classique joue un rôle capital, selon moi, celui de façonner nos goûts. C'est habituellement en faisant le tour de répertoire de base que l'on découvre ce que l'on aime et, surtout, ce que l'on n’aime pas en musique classique. C'est également avec le répertoire de base que l'on découvre son instrument préféré —la plupart des amoureux du classique ont leur instrument préféré, comme les amoureux du jazz. Personnellement, j'adore la trompette baroque et aussi les pièces chorales.

2- Les pièces mortes.
Le désavantage du répertoire de base en musique classique, c'est qu'un bon nombre de ces pièces sont récupérés tellement souvent par les publicités télé ou par les films que cela crée ce que j'appelle des pièces mortes; je veux dire ici qu'une pièce comme le Canon de Pachelbel a été recyclée tellement de fois qu'elle en est devenue dénaturée. Et le pire, c'est que la grande majorité des gens n'ont jamais entendu cette pièce jouée sur instruments d'époque...

Donc, tant mieux si vous trouvez une compilation sur CD qui vous plaît, mais si la moitié des pièces qu'elle contient sont des pièces mortes, vous allez perdre l'intérêt rapidement, puisque vous allez avoir l'impression de déjà connaître ces pièces par coeur. En plus, le fait de toujours réentendre les mêmes pièces classiques récupérées par les médias de masse finit par donner l'impression que la musique classique revient toujours au même, ce qui n'est naturellement pas vrai. J'irais même jusqu'à dire qu'il n'y a pas une seule journée sans qu'on entende, quelque part, du classique.

Le classique et le symphonique.
Une chose est certaine, cependant, c'est que le cinéma nous a formé l'oreille à écouter du classique, vu que la majorité des musiques de film sont en quelque sorte des poèmes symphoniques (quand les compositeurs ne copient pas littéralement le classique). Nous sommes donc déjà prêts à plonger dans la musique symphonique, ce qui n'a pas toujours été le cas. Contrairement à la réalité des 2 ou 3 siècles derniers, la musique classique n'était accessible qu'à une classe sociale restreinte. Je pense que jamais la musique classique n'a été autant accessible qu'à notre époque; il n'en tient qu'à vous de faire les premiers pas!

La prochaine fois, je vais vous entretenir de la façon dont la musique classique nous parle.

À la prochaine!

10 mai 2006

Introduction à la musique classique #6: les labels.

Je suis certain que ça vous est arrivé d'entrer chez un disquaire avec simplement le goût d'acheter un CD de classique par simple curiosité, sans idée précise. Mais comment faire pour s'y retrouver parmi des centaines de disques? On fait le tour des compositeurs qu'on connaît un par un et on examine chaque CD? Bien sûr que non. Je crois que le mieux, c'est de se rendre vers la fin de la section classique, tout de suite après le dernier compositeur. C'est là que se trouve le début de la section Divers, où se retrouvent habituellement les opéras et, surtout, les compilations.

Cette section est l'endroit idéal pour les débutants ou les flâneurs, ou encore pour ceux qui ont déjà un instrument ou un style de musique classique préféré; d'ailleurs, j'ai remarqué que le piano est souvent l'instrument préféré des néophytes, probablement parce qu'on est déjà habitués de l'entendre dans la musique pop, le jazz, le rock...

Trois conseils.
Vous pouvez donc fouiller à votre guise dans cette section, mais j'aurais ici trois conseils à vous donner si vous décidez d'acheter une compilation:

  • n'achetez pas de CD où toutes les pièces vous sont totalement inconnues; soyez certain d'avoir au moins deux ou trois pièces qui vous sont familières, histoire de ne pas être totalement déçu par ce que vous allez acheter.
  • ne payez jamais une compilation trop cher! Ça ne sert à rien et, de toute façon, les compilations sont généralement des extraits qui proviennent d'autres disques, ce qui veut dire que ça n'a pas coûté grand-chose à produire.
  • évitez les compilations ou les coffrets qui ont l'allure d'une boîte de chocolat et qui se vendent le même prix qu'un CD vierge. Ces enregistrements sont souvent d'une mauvaise qualité sonore (ils peuvent dater), et, surtout, ils proviennent habituellement de labels qui ne sont pas de vrais labels de classique.

Les labels dominants et spécialisés.
Les labels de classique, il y en a beaucoup, mais je dirais qu'il existe en réalité une dizaine de labels de classique qui sont dominants (vous en voyez plusieurs sur cette page); les autres labels sont habituellement des labels spécialisés.

Les labels dominants occupent les plus grandes parts du marché, mais Naxos est le véritable label dominant, en partie à cause du prix des CD, qui sont généralement un tiers du prix demandé par les autres labels dominants.

Quant aux labels spécialisés (voyez-en une liste ici) ils sont habituellement un peu plus coûteux, parce qu'ils s'adressent à un public plus ciblé, donc moins nombreux. Les labels spécialisés se spécialisent souvent dans des styles précis, comme le baroque ou la musique ancienne, dans les enregistrements audiophiles ou encore dans des instruments en particulier.

Selon moi, il y a très peu d'occasions qui justifient de payer cher un CD de classique; ça peut arriver si vous commandez ou trouvez un CD d'une version très particulière d'une pièce, ou encore s'il s'agit de l'unique version de la pièce que vous cherchez. Mais ça se produit rarement, et ceux à qui ça arrive sont habituellement des mélomanes.

Si vous commencez à vous intéresser à la musique classique, limitez-vous aux labels dominants, et tenez-vous-en, autant que possible, aux lignes budgets. Les lignes budget sont des enregistrements moins récents qui sont vendus à environ la moitié du prix d'un CD récent. Ces enregistrements, qui ne sont pas toujours numériques, sont la plupart du temps des versions de chefs d'orchestre et d'artiste connus qui ont fait leur preuve.

Donc dites-vous bien que plus vous allez écouter de la musique classique, plus vous allez la connaître et l'apprécier. Vous allez aussi finir par reconnaître des artistes, des labels et de nouvelles oeuvres. Et n'oubliez pas qu'il y a moyen de consommer beaucoup de classique sans se ruiner.

La prochaine fois, je vais vous entretenir du fameux répertoire de base en musique classique, entre autres choses.

À la prochaine!

08 mai 2006

Introduction à la musique classique #5: les pochettes.

Je ne vous apprendrai rien en vous disant que, chez la plupart des disquaires, la section de musique classique repose sur un système de classement alphabétique, avec des sous-sections par genre d'oeuvres, comme Symphonies, Concertos, Pièces vocales, etc. Mais quand on cherche un enregistrement précis, comment peut-on faire pour décoder les informations souvent obscures des pochettes de disques? Je vous dirais que, d'une certaine façon, les pochettes de CD de classique donnent trop d'information, il s'agit simplement de retenir ce dont on a vraiment besoin.

À titre de démonstration, je vais examiner avec vous la pochette d'un enregistrement de la 5e symphonie de Vaughan Willams; je vais en fait examiner l'endos de la pochette du CD, puisque c'est là que se retrouve normalement toute l'information indispensable.

Les titres:

















J'ai encerclé en rouge le titre des deux pièces de cet enregistrement, puisque le nom du compositeur se retrouve ici sur la pochette avant; notez que depuis l'avènement du CD, la plupart des enregistrements de musique classique proposent, en plus de la pièce principale, une ou deux pièces supplémentaires, un peu comme à un concert.

Les interprètes:

















J'ai encerclé en rouge le nom du chef d'orchestre ainsi que le nom de l'orchestre, qui sont habituellement indiqués sous les titres; s'il s'agit d'une pièce avec une chorale ou avec un instrumentiste par exemple, l'information relative à ce sujet devrait se trouver au même endroit. S'il s'agit d'un enregistrement en public (live), cela devrait être également indiqué ici.

Nous avons donc ici l'information essentielle, ce qui devrait être normalement suffisant pour vous assurer d'avoir en main le bon enregistrement.

Mais il se pourrait que vous possédiez de l'information supplémentaire, par exemple la date de l'enregistrement, qui se retrouve généralement au bas de la pochette (ou sur le côté), avec les détails relatifs aux label de l'enregistrement, comme je l'ai encerclé en rouge ici, en bas à gauche:

















La date peut être une donnée importante, car il arrive parfois qu'un même chef d'orchestre enregistre plus d'une fois une même pièce, avec le même orchestre. J'ai également encerclé l'information technique de l'enregistrement (en bas à droite), le ADD signifiant qu'il s'agit d'un enregistrement analogique remastérisé. J'ai souligné ce détail parce que beaucoup de gens refusent d'acheter des enregistrements qui ne sont pas numériques, en DDD, mais nous allons revenir sur ce sujet une autre fois.

Quant aux autres éléments de la pochette, comme la photo du compositeur ou encore les durées des enregistrements, il s'agit de détails plus ou moins utiles. Quant au label d'enregistrement, dans ce cas-ci RCA Victor, nous allons en parler lors de la prochaine entrée de ce blogue.

Je vous laisse examiner ici un autre endos de pochette:

Donc, vous retrouvez ici, après les titres des pièces, l'information relative aux interprètes, qui nous indiquent qu'il s'agit de pièces vocales, si les titres ne voulaient rien dire pour vous. Le type et l'année d'enregistrement se trouvent ici sur le côté droit de la pochette.

Comme vous voyez, ce n'est vraiment pas compliqué!

Pour terminer, je ne peux pas passer sous silence le fait que la majorité des pochettes de CD de classique souffrent d'une maladie grave, celle des clichés de designs douteux. En fait, je dirais qu'il y a trois grands types de pochettes en musique classique:

1) la pochette de style carte d'identité, où on voit en photo le chef d'orchestre ou l'interprète; je vous laisse admirer ces petits bijoux:


2) la pochette de style illustration au premier degré, où on voit une image qui a un lien très direct avec la pièce enregistrée; je pense ici à toutes ces pochettes sur les quelles on retrouve des paysages peints, ou avec des images de nuages ou de toute autre image qui tente d'illustrer de façon peu subtile le sens de la musique enregistrée. L'oeuvre championne du monde est sans doute Les planètes de Holst, comme le démontrent ces quelques exemples:


3) la pochette de style schizophrénique, où l'image n'a absolument rien à voir avec la pièce enregistrée ou les interprètes, comme le démontrent ces quelques pochettes plutôt imaginatives (celle avec le building est une version d'une symphonie de Tchaikovsky...):


Je trouve dommage que les labels de musique classique ne semblent pas vouloir rendre les pochettes de CD de classique plus attirantes; ces mauvais designs contribuent aussi, selon moi, à donner à la musique classique une image vieux jeu, ce qui rebute beaucoup une clientèle plus jeune...

Je vous souhaite donc bon magasinage, et n'oubliez pas que les magasins de CD usagés sont souvent une mine d''or pour se procurer de bons enregistrements pas chers.

La prochaine fois, je vais vous entretenir des labels de musique classique.

Ciao!

27 avril 2006

Introduction à la musique classique #4: les versions, opus 3.

Pour conclure cette série sur les versions, j'aimerais vous parler de deux autres méthodes qui permettent de déterminer la qualité des enregistrements en musique classique: l'écoute en magasin et, finalement, la fameuse méthode qui est, selon moi, la plus efficace.

Il est toujours plaisant de se retrouver dans la section de musique classique d'un grand disquaire parmi les vendeurs et les postes d'écoute. Même si un vendeur qualifié et le fait de pouvoir entendre sur place de la musique sont des atouts majeurs, j'aimerais ici en souligner quelques inconvénients.

Tout d'abord, l'écoute en magasin permet seulement d'écouter des extraits, et de façon rapide. Non seulement il est souvent impossible de faire une avance rapide pour parcourir l'enregistrement avec les postes d'écoute, mais côté confort, ce n'est vraiment pas l'idéal. Ensuite, il est peu probable qu'on vous laissera écouter, par exemple, 9 ou 10 versions différentes d'une même pièce, parce qu'aucun disquaire n'est obligé de déballer tous les CD qu'il a en stock pour vous les faire écouter.

En fait, je pense que l'écoute en magasin est utile surtout quand on veut s'assurer que le titre d'une pièce qu'on a dans notre tête ou sur un petit bout de papier correspond bien à la pièce qu'on a entendue.

Ces inconvénients sont à peu près les mêmes lorsqu'on magasine la musique classique sur le Web, comme sur le iTunes Music Store ou encore le site de Naxos, où il est seulement possible d'entendre des extraits.

Une petite note à propos des vendeurs: n'oubliez pas qu'un bon vendeur peut souvent donner l'impression qu'il en connaît plus que ce qu'il sait en réalité. Si je peux vous donner un conseil, à ce sujet: le mieux, c'est de discuter souvent avec les vendeurs et, quand vous aurez trouvé le plus compétent, faites toujours affaire à lui. Plus le vendeur connaîtra vos goûts, plus il sera ouvert et honnête avec vous.

Finalement, il y a, selon moi, une façon de déterminer la meilleure version d'un enregistrement classique qui est infaillible: la première impression. Je parle ici de ce moment où on entend pour la première fois une musique classique, et qu'on est littéralement accroché par cette musique. Et cela va vous arriver si vous ouvrez le moindrement l'oreille, je vous le promets! Et, idéalement, prenez en note les détails de la version de l'enregistrement qui vous a fait aimé la musique en question, parce que c'est cette version - et seulement cette version - qui va vous procurer le même plaisir à chaque écoute.

Donc, selon moi, la meilleure version d'un enregistrement de musique classique est une affaire de hasard. Cet heureux hasard se produit habituellement lorsqu'on flâne dans un magasin de musique et que le disquaire fait jouer un disque qui va vous faire tourner la tête; cela peut se produire aussi en écoutant quelques minutes de musique classique à la radio, ou encore lorsqu'on est avec un ami ou quelqu'un de la parenté à qui vous avez demandé de vous faire écouter ses disques de classique préférés.

Parce que la musique classique, comme tous les autres genres de musique, est avant tout une affaire d'émotions...

En passant, les informations essentielles pour retrouver un enregistrement de musique classique sont le nom du chef d'orchestre, le nom de l'orchestre, ainsi que le nom des interprètes, s'il s'agit d'un concerto ou d'une pièce vocale. D'ailleurs, la prochaine fois, je vais vous parler des labels de musique classique et du monde merveilleux des pochettes de disques.

À la prochaine!